DÉMISSION : QUELS DÉLAIS DONNER?

Lorsqu’on veut mettre fin à son emploi, deux règles s’imposent. Alors que le marché de l’emploi est plus fluide et fébrile que jamais, nous avons expérimenté des mouvements sans précédent de démission et d’embauche dans les derniers mois. Certains appellent ce phénomène ‘la grande démission’.

Plusieurs éléments expliquent cette situation, mais toutes les personnes qui démissionnent ont la même question en bouche : quels délais donner à son employeur? Soucieux de laisser leur employeur actuel en bon terme, ils aimeraient également répondre aux attentes d’un nouvel employeur qui souhaiterait les voir intégrer l’organisation rapidement.

Pris entre les deux, ils craignent de prendre une mauvaise décision et se mettre à dos l’employeur qui souhaite les accueillir rapidement. Mais…

En cas de démission, deux règles s’imposent

1- La première veut qu’il soit plus important de laisser un bon souvenir de son passage dans l’entreprise et de faire les choses correctement avec son employeur actuel, que de s’empresser de rejoindre le nouveau. Qui se souviendra que vous avez fait des pieds et des mains pour vous joindre à l’organisation plus rapidement dans trois ans ? À l’inverse, un employeur éconduit sans trop d’égards risque de se souvenir longtemps de votre départ précipité et les conséquences pourraient se refléter dans les références qu’il pourrait donner à votre sujet.

2- La seconde est mathématique, il s’agit de laisser un délai de préavis respectable lors du départ. L’employé qui quitte une organisation ne devrait cependant pas faire les frais d’un manque de planification et de prévoyance élémentaire de la part de l’employeur. Si le poste à combler lors du départ de l’employé est rare et essentiel, il est de la responsabilité de l’employeur de prévoir un plan de contingence pour pallier les impacts d’un départ non prévu. Mais l’employé qui quitte devra tout de même faire preuve d’un peu d’empathie quant à la situation de son employeur suite à son départ.

Cadre en pleine réflexionCependant, plus un poste est stratégique ou hiérarchiquement élevé, plus le délai à donner devrait être long. Pour un technicien membre d’une équipe nombreuse, on peut penser qu’une réaffectation des ressources accompagnée de quelques heures supplémentaires suffiront à combler le vide. Par contre, si vous êtes le seul à occuper un poste très spécialisé et essentiel pour lequel les remplaçants sont rares, il faudra envisager offrir un peu plus. Le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre ne facilite en rien les remplacements.

Pour un employé col bleu ou un employé de bureau

Pour un employé col bleu ou un employé de bureau, la règle des deux semaines s’applique. Dans l’éventualité où vous souhaitez quitter plus rapidement, assurez-vous que l’employeur peut facilement vous remplacer. Dans le cas de techniciens et de professionnels, deux semaines, au minimum, sont essentielles à respecter si vous ne souhaitez pas exacerber les désagréments liés à votre départ. Lorsque possible, offrir trois semaines de préavis pourrait être préférable et faciliter la transition pour l’employeur.

Pour les cadres et les professionnels de haut niveau

Pour les cadres et les professionnels de haut niveau, je suggère de considérer la possibilité d’offrir un mois de délai. Dans plusieurs cas, les gens arrêteront spontanément de vous confier de nouveaux mandats et après deux à trois semaines, il se pourrait même que le transfert des dossiers soit complètement réalisé. Ainsi, votre flexibilité pourrait jouer positivement sur votre réputation au sein de l’entreprise.

Pour les cadres supérieurs

En ce qui concerne les cadres supérieurs, il s’agit d’une autre histoire. Comme la majorité ne sont pas impliquées dans les opérations quotidiennes, il arrive que l’organisation puisse plus facilement se passer de son vice-président marketing que de ses directeurs ou de ses professionnels pour quelques semaines, voire quelques mois. Alors, le délai est souvent une formalité et parfois davantage une période de transition symbolique. Dans certains cas, les contrats de travail peuvent définir des périodes auxquelles les parties s’obligent volontairement. Conséquemment, il n’est pas surprenant qu’un directeur général ou un président annonce son départ plusieurs mois à l’avance. On voudra alors démontrer au marché que le changement est planifié et qu’il n’aura pas d’incidence sur les affaires.

Pour des situations liées à des projets très importants comme une implantation informatique critique, il pourra être bienvenu, ou même nécessaire d’offrir quelques semaines de plus. En revanche, l’organisation prévoyante aura probablement pensé offrir des bonis de rétention substantiels pour ne pas voir un projet stratégique compromis par un départ inopportun.

Dans le contexte québécois, des délais minimums sont prévus par la Loi sur les Normes du Travail, mais ils n’obligent que l’employeur et varient en fonction de l’ancienneté chez ce dernier. Bien qu’extrêmement rare dans le contexte législatif québécois et canadien, il demeure important de mentionner que l’employeur qui subit un dommage à la suite d’un départ précipité pourrait poursuivre l’employé qui quitte. Il en aura, alors, le fardeau de la preuve.

Pour les embaucheurs, si vous faites pression sur un candidat afin qu’il quitte précipitamment son employeur actuel pour se joindre à votre organisation, dites-vous qu’il pourrait trouver illégitime votre demande d’un préavis plus long advenant sa démission dans quelques années. Dans tous les cas, la réciprocité est la clé de bonnes relations !

Rappelez-vous en terminant qu’il vaut toujours mieux offrir un peu plus à son employeur actuel afin de s’assurer qu’un délai trop court ne vienne s’ajouter à l’amertume que crée parfois un départ. Cette considération préservera vos relations et vos références dans le futur.

Et surtout, lorsque c’est possible, faites-le en personne (ou en direct à l’écran) rapidement une fois votre décision prise. Même si cela est parfois une conversation difficile, les gens apprécieront votre courage et le respect que vous allez témoigner en prenant le temps de les prévenir le plus tôt possible.

Rédigé par Guillaume Desnoyers